![Edwige Lesiourd a décroché le coup de cœur du jury au concours photos des Pays d'Essay dans la catégorie monochrome. Ici, elle est devant la fontaine de Sillé. Ça coule de source.]()
Edwige Lesiourd a décroché le coup de cœur du jury au concours photos des Pays d’Essay dans la catégorie monochrome. Ici, elle est devant la fontaine de Sillé. Ça coule de source.
Basée à Montreuil-le-Chétif (Sarthe) dans un écrin de verdure, l’auteure-photographe Edwige Lesiourd, 37 ans à fleur de peau, est un personnage qui sort de l’ordinaire. Rencontre avec une femme qui veut mettre la nature au cœur de la préoccupation de l’Homme. Son arme fatale ? La beauté de ses clichés et la douceur de son phrasé.
Mais d’où sortez-vous ?
Des bois ! Je suis de la Sarthe. J’ai passé mes 18 premières années près de la forêt de Perseigne. J’ai grandi à Ancinnes.
Votre parcours ?
Je suis allée à l’école et au collège à Ancinnes avant le lycée à Alençon puis la Fac à Tours où j’ai étudié la philosophie. Après, j’ai obtenu une licence de communication politique, à Créteil. L’appel de la philo a été plus fort que moi. Je suis donc retournée à la fac de Tours. J’ai fini par passer un diplôme de français et langues étrangères. J’ai commencé l’enseignement dans le milieu carcéral.
Conseillère d’insertion à la maison d’arrêt d’Angers
Et après ?
Je suis partie dans les Balkans pour un service volontaire européen, en Macédoine. J’ai profité de cette occasion pour visiter les pays de l’ex-Yougoslavie. Je suis revenue en France pour enseigner la philo au lycée de Mamers avant de faire la même chose à Angers puis conseillère d’insertion à la maison d’arrêt d’Angers.
J’ai travaillé aussi dans l’audiovisuel à la tête d’une équipe afin de réaliser un documentaire sur le patrimoine immatériel. Il s’agit tout simplement d’un travail sur la mémoire des anciens salariés de l’industrie des bijoux Murat.
Comment êtes-vous arrivée l’écriture et à la photographie ?
Après l’enchaînement de plusieurs contrats en CDD dans diverses communes, j’ai éprouvé le besoin de poser mes valises. Je suis revenue en Sarthe précisément à Montreuil-le-Chétif, pour créer mon entreprise d’auteure-photographe. Elle s’intitule Edwige Lesiourd Photographie.
« J’aime le milieu rural »
Pourquoi Montreuil-le-Chétif ?
Parce que je suis Sarthoise et je voulais retrouver mon département. Et comme j’aime le milieu rural, j’ai trouvé mon bonheur à Montreuil-le-Chétif. J’habite à 250 mètres de la forêt de Sillé (côté bois de Pezé).
Pourquoi le choix de devenir auteure-photographe ?
C’est pour me mettre au service de la Nature et de l’Environnement. Je ne prends que des photos de la nature. Je travaille sans aucune retouche. Je suis au numérique mais je procède comme avec l’argentique. Je fais tous les réglages manuellement. Je veux être la plus proche possible de la réalité sans tronquer la couleur ni l’exposition. Je prends la lumière telle quelle.
Que faites-vous de vos photos ?
Des expositions afin de les vendre ou des ouvrages pour sensibiliser les gens à la nature. Il y a des personnes qui me commandent des photos grand format sur la nature faisant un mètre cinquante sur un mètre cinquante.
Je fais des créations. Il s’agit de photographies d’art en série limitée. Jamais plus de trente exemplaires. Elles sont signées et numérotées.
Quels sont les tarifs ?
Ça va de 60 à 500 euros.
Vous arrivez à en vivre ?
Ce n’est pas évident. J’ai le statut pro depuis décembre 2018. Je vais voir comment ça va évoluer.
En tout cas, même si je ne gagne pas très bien ma vie avec pour l’instant, ça reste cohérent avec mon mode de vie.
Vivre en harmonie avec la nature
Vous êtes verte dans l’âme…
Il faut le croire !
En tout cas, j’essaie de vivre le plus harmonieusement possible avec la nature. Je fais mon petit potager et j’ai une ruche. J’ai de la chance de compter sur Daniel Papillon, apiculteur expérimenté qui me transmet son savoir.
Revenant à la photo. Vous avez édité un livre-photos.
Oui. Le titre est Antr’eau. Il s’agit d’une navigation photographique dans l’univers de l’eau. Il y a 9 pages et 80 photographies uniquement sur le thème de l’eau. C’est une opportunité de se laisser toucher par cette dimension émotionnelle et vitale de l’eau.
Interpeller les personnes avec ce qui est beau
Combien coûte-il et pourquoi le choix de l’eau ?
Il vaut 55 euros. Quant au thème, j’ai voulu travailler sur l’eau par ce que toutes nos émotions sont véhiculées par l’eau. Toutes nos émotions sont extériorisées par le liquide.
L’eau est sacrée. La molécule est constitutive de ce qui est vivant. Pour moi, l’eau via ce livre, est une porte d’entrée pour sensibiliser les gens sur l’Environnement. C’est une manière de rappeler à l’Humain qu’il est constitué de 90 % d’eau comme la terre et tout ce qui est vivant.
C’est une volonté de réconcilier l’Homme avec ses origines naturelles.
Ces dernières années, il y a eu une déconnexion de l’Homme avec la nature. Mon ouvrage est une piqûre de rappel qui se veut poétique par l’originalité des clichés et des textes expliquant la nature sans être donneur de leçon. Je préfère interpeller les personnes avec ce qui est beau et ce qui les touche : la poésie, la douceur et l’intimité.
Quand on prend les choses d’une façon frontale et agressive, il n’y a pas d’échange et ce n’est pas porteur car les gens se ferment.
Votre prochaine exposition ?
Elle a lieu du 1er juillet au 1er septembre, dans le Domaine du Gasseau, dans la très belle région de Saint-Léonard-des-Bois. J’enchaînerai par une autre à Bonnétable, dans l’enceinte de l’Office du Tourisme (ex-écurie du château).
Outre, la photo, l’écriture, le jardinage et l’apiculture, que fait la passionnée de la nature ?
Je retape ma maison. Il s’agit de l’ancien fournil. Il me reste eu moins deux ans de travaux.
Avec tout ça, j’ai dit adieu à l’escrime et au badminton, deux disciplines où j’ai été championne régionale et départementale.
On ne peut pas tout faire !
Propos recueillis par Chafik AOUNI.
Pratique :
Edwige Lesiourd 06 58 05 87 82.
www.edwigelesiourdphotographeecrivainsarthe.com
Courriel : ed.lesiourd@laposte.net