![Mélanie, 21 ans, a notamment été matelot de piste et de pont d'envol sur le porte-avions Charles de Gaulle.]()
Mélanie, 21 ans, a été formée pour devenir matelot de piste et de pont d’envol à bord du porte-avions Charles de Gaulle. (©Lisa Bessodes / Marine Nationale)
Dans son métier, la moindre erreur se chiffre à plusieurs millions d’euros. Qu’importe la jeunesse, Mélanie venait tout juste d’avoir 18 ans lorsqu’elle est montée, pour la première fois, à bord du porte-avions Charles de Gaulle comme matelot de piste et de pont d’envol.
Son métier ? Faire décoller, atterrir et stationner des Rafale… Rien de moins.
Lire aussi : Robots, drones… La coopération militaire européenne à l’honneur au défilé du 14 juillet
« C’est très intense, il n’y a pas de jour de repos »
« Tout se joue au millimètre près », explique la jeune militaire.
Si le Rafale recule un peu trop, il tombe à l’eau ! Tout peut aller très vite en mer, cela bouge, l’espace est restreint, les ailes des avions peuvent se télescoper… Une confiance doit s’instaurer entre le pilote et le matelot. Si les avions peuvent décoller tous les jours, c’est aussi grâce à nous.
Le Charles de Gaulle est l’unique porte-avions de la Marine Nationale. Dans le cadre des opérations extérieures, l’équipage est mobilisé en mer pendant une période allant de quatre à six mois, sept jours sur sept et 24 heures sur 24.
« C’est très intense, il n’y a pas de jour de repos », souligne Mélanie, qui a pris l’habitude de fêter ses anniversaires en mer.
Lire aussi : Défilé, concerts, feu d’artifice… Le programme des festivités du 14-Juillet à Paris
Aux quatre coins du monde
On dit que les voyages forment la jeunesse ? Dans ce cas, la Marine Nationale a particulièrement bien formé Mélanie. Cette dernière a déjà voyagé aux quatre coins du globe, de l’Afrique au Moyen-Orient, en passant par l’Europe du Sud.
Lors des escales, entre deux missions, j’ai eu l’opportunité de passer plusieurs jours à Dubaï, Abou Dabi, Djibouti…
Si Mélanie a longtemps été la benjamine du Charles de Gaulle, elle est loin – contrairement aux idées reçues – d’être la seule femme à bord du porte-avions : « C’est le bateau le plus féminisé de la Marine Nationale ! assure-t-elle. Les femmes représentent environ 10 % des effectifs, dont plusieurs avec déjà pas mal d’années d’expérience. Entre femmes, on se sert les coudes.
C’est un énorme atout lorsque l’on débarque pour la première fois sur ce bateau gigantesque. Le Charles de Gaulle me fait penser à une petite ville flottante qu’environ 1500 personnes font fonctionner.
![Le porte-avions Charles de Gaulle, en opération.]()
Le porte-avions Charles de Gaulle, en opération. (©Marine Nationale)
A-t-elle déjà craint pour sa vie ?
Cette « petite ville flottante » traverse toutes les zones de conflit. De quoi craindre pour sa vie ? Avec un certain naturel, Mélanie répond par la négative :
Je me sens plus en sécurité à bord du Charles de Gaulle que sur terre, dans la vie de tous les jours. Le porte-avions est toujours accompagné par un sous-marin et plusieurs frégates. Un avion Hawkeye assure par ailleurs la surveillance aérienne en permanence.
Originaire de Toulouse
La jeune Toulousaine partage aujourd’hui son expérience afin d’encourager les jeunes, en particulier les filles, à suivre son chemin. « À Toulouse, on ne pense pas instinctivement à la Marine », souligne-t-elle. « Ce n’est pas comme à Brest ou à Toulon. Mon père est un ancien marin. Chez nous, il y avait toujours un pompon bien visible à la maison qui rappelait l’engagement de mon père dans l’armée ».
Longtemps en échec scolaire, Mélanie souhaite aussi montrer qu’une autre voie est possible :
À mes 16 ans, j’étais un peu perdue dans la vie, je ne savais pas trop ce que je voulais faire plus tard. J’ai eu le déclic en regardant un reportage télé sur l’école des Mousses.
![Mélanie a le grade de quartier-maître.]()
Mélanie a le grade de quartier-maître. (©Lisa Bessodes / Marine Nationale)
Elle rejoint le Charles de Gaulle à 18 ans
La lycéenne pousse alors la porte du Centre d’Information et de recrutement des forces armées (Cirfa) de la Marine, implanté dans la Ville rose, et demande à intégrer l’école des Mousses (lire encadré). C’était en 2016. Au terme d’une formation de 10 mois, Mélanie choisit le métier de matelot de piste et de pont d’envol dans l’aéronautique navale.
Lire aussi : Portrait. Originaire de Mayenne, Dylan a intégré l’école des mousses
Mélanie n’a que 17 ans quand elle prend la direction de la Base d’aéronautique navale d’Hyères, près de Toulon (Var). On connaît la suite… Mélanie apprend le métier sur des porte-hélicoptères amphibie (PHA) avant de rejoindre le Charles de Gaulle, à 18 ans à peine.
Blessée en opération
Récemment blessée en opération, Mélanie sait qu’elle ne pourra plus remonter à bord du Charles de Gaulle. Celle qui avait fièrement défilé sur les Champs-Élysées avec l’école des Mousses, en 2015, doit aujourd’hui quitter l’armée. Elle n’est plus apte pour le métier.
Malgré tout, la Toulousaine garde de très bons souvenirs de ses années en mer. Des souvenirs qu’elle partage justement aux jeunes du Centre d’Information et de recrutement des forces armées de la Marine. Si sa reconversion dans le civil se fait avec regrets, Mélanie reste positive :
Mon parcours est la preuve que l’on peut réussir, même sans le bac. Je ne suis pas inquiète pour le futur. La Marine délivre des diplômes qui me permettront de rebondir dans le civil.
Nec plus ultra, Mélanie a aussi rencontré son compagnon… dans l’armée ! L’histoire dure toujours : ils vivent désormais ensemble à Marmande, dans le Lot-et-Garonne. « La preuve qu’il est possible de concilier vie personnelle et vie professionnelle au sein l’armée », conclut, avec humour, la jeune femme.
![Sur l’année scolaire 2018/2019, la Marine a recruté et formé 186 mousses.]()
Sur l’année scolaire 2018/2019, la Marine a recruté et formé 186 mousses. (©Marine Nationale)
Sur l’année scolaire 2018-2019, la Marine a formé 186 jeunes à l’école des Mousses
L’école des Mousses est une école d’apprentissage qui dispense une formation militaire, maritime en s’appuyant sur des compétences académiques sur une durée de 10 mois. Ce parcours s’adresse à des garçons et filles, âgés de 16 à 17 ans, sans condition de diplôme autre que d’avoir suivi une classe de 3e, qui souhaitent devenir marins et acquérir rapidement des compétences et un métier dans la Marine nationale.
À la fin de leur formation, les jeunes se voient attribuer, sauf échec, le brevet élémentaire de mousse et peuvent signer un contrat de quatre ans dans la marine nationale. Sur l’année scolaire 2018/2019, la marine a recruté et formé 186 mousses à Brest et à Cherbourg (149 garçons et 37 filles).
Neuf métiers sont ouverts à l’issue de la formation : Fusilier marin, Opérations – systèmes de combat et systèmes informatiques et communication, machine, navigation, pont, maintenance aéronautique, Pont d’envol, restauration.